Il y a bien longtemps, je n’étais conteur que depuis deux ou trois ans, je travaillais avec des enfants et nous montions une histoire policière en vidéo. Le parti pris était de ne filmer que les pieds de l’assassin, tout le reste était sonore. J’enregistrais avec un magnéto à cassette 4 pistes et un soir, j’ai eu un choc en écoutant l’enregistrement de l’après-midi. C’était le son de quelqu’un marchant dans l’herbe. Ce son écouté hors contexte a pris pour moi une valeur poétique énorme par ce qu’il suggérait, tout un hors-champ sonore où l’imaginaire pouvait galoper. C’est cette émotion première que j’essaye d’entretenir.

Les moyens techniques devenant de plus en plus accessibles, j’ai fabriqué quelques bandes-son pour mes spectacles puis pour d’autres conteurs.

La pratique du collectage de parole est venue compléter ce travail. Je me suis aperçu que c’était peut-être plus le son, le grain, le phrasé des voix qui me touchaient que le sens de ce qui était dit. Et tout naturellement je me suis mis à fabriquer des montages où les voix et les sons captés et créés se mélangent .

En 2018, j’ai voulu donné un espace et une audibilité plus grande à ces voix recueillies et à la création sonore. Cela a fait l’objet d’installations d’écoute au casque, de spectacles d’écoute, de la mise en ligne de Radio « Comment qu’ c’est ? », une web-radio par podcasts dédiée à la ruralité.

Olivier Noack a passé son enfance au Havre puis dans une vallée d’Alsace, la mer puis la forêt à portée de songe. Après ses études et quelques chemins de traverse, il se consacre au théâtre et participe à la fondation de la compagnie Les Tréteaux de Haute-Alsace (Mulhouse) en tant que comédien.
Il crée en 1986 la compagnie Les Mots du Vent dédiée au conte et aux arts du récit
Après s’être formé en techniques du son, il s’intéresse aux rapports entre enregistrements de terrain (field recording), musique électroacoustique et narration orale. Il réalise ainsi la bande-son de plusieurs spectacles de récit ainsi que des installations sonores et des « spectacles d’écoute ».
Il crée en 2018 la structure « Douceur du son … le soir » dédiée à la parole et la création sonore.
Le travail du son est désormais son activité principale. Il est par ailleurs un marcheur impénitent, faisant de grands voyages à pied de plusieurs semaines ou plusieurs mois, muni de ses micros et de son enregistreur (voir Carte sonore).